encore ce faux printemps en mars comme un attrape-nigaud dans cet
hiver de force ducharmien qui m’échappe irrémédiablement et me
confine à la déréliction la plus compulsive…)
enfin cette ville aux rues sales et transversales aux trottoirs discontinus
d’où la nuit aux prises avec sylves et lièvres et bêtes célestes suintent
des murs de graffitis à cours de maux
donc et ainsi je marche dans cette ville impossible avec une mal de
vivre incurable et un manque à dire comme un chat dans la gorge ou un
mot sur le bout de la langue
c’est Miron en homme rapaillé qui murmure que la Grande Sainte
Catherine Street galope et claque
avec ses néons las comme des mantras célèbres dans l’urgence de
payer le prix unique pour tout ce mercantilisme sans commune mesure
avec la destinée de l’être humain tel qu’il fut conçu par les dieux païens
ancestraux et millénaires un milliard de fois un milliard comme dans les
calculs indiens de la Bhagavad Gîta
hare hare Krishna hare rama hare rama
ya rien là
et que cette ville m’use à l’ossature
j’attends le dernier poète qu’il me reste en cette vie de bas niveau
le voilà avec M. l’Iindien en limousine italienne
il a lui aussi Montréal tatouée sur les os
les vœux sont faits
je suis de cette ville comme on est de nulle part
et d’ailleurs en même temps comme si Multa née ment comme elle parle
pense et jouit
ouf !
je tiens Montréal par la peau des eaux retenues par mon idiosyncrasie
de circonstance exténuante
Montréal
dis vers quoi
je dois tendre
ou t’attendre
c’est l’été que Montréal me
permet la vie immédiate et me
rend l’automne possible
et je rends l’âme à tout propos quand le soir tombe comme un astéroïde
oublié
je me retrouve dans les bas quartiers dans le remugle des populaces
désœuvrées je me désole à fleur de pavé à même le détritus humain
et je pense à Rimbaud seul sur les routes de l’esseulement et je me dis
que si seulement une fille de circonstance se pouvait trouver sur mes
errements mais non rien au monde pour moi dans cette quête d’absolu
néantitude
aujourd’hui c’est le printemps qui révèle la ville Montréal à elle-même en
tant qu’elle-même
et m’accule aux murs de thébaïde sans fin
puis les soirs d’été dans la chaleur terrible des émanations corporelles
et toujours les bas quartiers de la promiscuité intraitable mais je suis
avec les miens étranger en mon propre exil montréalais sans ami ni
parents ni patrie
seul à seul
alone
je
HIGH
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